Nous avons aujourd’hui plus d’information accessible à travers nos claviers d’ordinateurs qu’aucune génération précédente n’a jamais eu. Si avoir cette somme d’information et de contacts potentiels aussi facilement est une véritable chance, cela n’en n’est pas moins un risque considérable.
Ce n’est pas l’accessibilité en soi qui est le risque, c’est la facilité et la rapidité à laquelle la technologie nous habitue. L’immédiateté prend toute la place. Elle impose des réponses rapides là où le temps est nécessaire pour décanter, voir autrement, échanger et voir enfin ce qu’il fallait voir. Au sein des équipes, quand les problèmes ne se résolvent pas dans l’instant, cette habitude d’immédiateté génère des frustrations et des possibles résignations de la part d’égos qui se croient dans leur bon droit.
Pour de vrai nous avons gagné du temps dans l’acquisition de connaissances et de compétences. Nous avons perdu du temps d’écoute et de réflexion, ce temps précieux générateur de profondeur et de vision.
Reprendre ce temps d’écoute de ce qui est là et qui cherche à s’exprimer, c’est développer son discernement. Discerner vient de : discernere – distinguer, percevoir, voir séparément – et signifie : « Se rendre compte précisément de la nature, de la valeur de quelque chose, faire la distinction entre des choses mêlées, confondues. »
C’est la capacité de voir ce qui n’est pas visible à première vue et dans un monde à la complexité croissante, c’est une qualité que tout leader pourrait avoir envie de développer. Le discernement associé à une boussole de sagesse génère l’action juste.
Par contre, discernement et immédiateté ne sont pas compatibles. La variable temps les sépare.
Une démarche de discernement commence par un temps d’écoute et de réflexivité vis-à-vis de la situation. L’enjeu dans ce temps n’est pas de résoudre le problème mais juste de le cerner. Et c’est à partir de cette vision plus claire, que la solution émergera.
Le discernement n’a besoin d’aucune méthode, juste d’un peu de raisonnement et d’une envie sincère et objective d’y voir clair.
Chez un leader, l’absence de discernement peut générer une confiance excessive, la potentielle non remise en cause de croyances empêchant tout nouveau d’émerger ainsi qu’une possible attitude de vouloir conclure rapidement comme de se résigner.
Par contre, le discernement d’un leader permet d’aborder la construction de la réflexion collective en sachant que l’enjeu est d’éviter autant le besoin de nos égos respectifs de donner leurs avis/opinions que les querelles que cela peut générer.
Pour de vrai,
La sagesse est précieuse. La connaissance est importante.
Le discernement est essentiel. Le raisonnement est un outil.
L’immédiateté est grisante. Le temps long est efficience.




